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Guérir des blessures émotionnelles

Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau

 

Pendant des siècles, on a considéré le cerveau humain comme un organe figé. Or, les recherches récentes ont mis en évidence ses incroyables capacités de réorganisation structurale et fonctionnelle. Après s'être penché sur la plasticité neuronale et ses effets possibles sur des handicaps physiques dans un premier film diffusé par ARTE en 2009, le psychiatre Norman Doidge explore ici les implications de ces capacités d'adaptabilité dans le traitement des troubles mentaux.

 

  Du Canada à l'Espagne, il part à la rencontre de chercheurs qui, s'appuyant sur "les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau" - titre du best-seller du docteur Doidge, paru chez Belfond en 2008 -, pourraient révolutionner le quotidien des patients atteints de troubles obsessionnels compulsifs, de stress post-traumatique, d'aphasie ou de schizophrénie, et leur offrir un espoir de guérison.

(Canada, 2010, 52mn)

 

 

Les étonnants pouvoirs du cerveau
                            Norman Doidge
                            Belfond, 2008
                            444 pages
Présentation de l’éditeur
Un père ayant souffert d'une attaque cérébrale recouvre la totalité de ses facultés intellectuelles. Un homme victime d'un infarctus se remet à marcher. Une femme qui ne pouvait plus se tenir debout retrouve l'équilibre... Norman Doidge nous dévoile un sujet révolutionnaire : le cerveau peut changer et se transformer par lui-même.
 
Une découverte médicale qui bouleverse le champ des neurosciences. Le credo de cette révolution : la neuroplasticité, qui révèle les pouvoirs étonnants du cerveau, capable de compenser des déficiences, des lésions, de se réparer, mais aussi de se développer et de s'améliorer – non seulement pendant la petite enfance, comme on le sait depuis longtemps, mais également à un âge avancé...
 
À travers les histoires émouvantes de patients pour qui tout semblait perdu, un ouvrage passionnant, réconfortant et optimiste sur les ressources inexplorées de notre cerveau, et son infinie capacité à s'adapter et à progresser.


 
Commentaire
 
Les neurosciences nous ont appris tout récemment que le cerveau humain perdait de 10 000 à 50 000 neurones par jour à compter de son jeune âge, ce qui expliquerait en bonne partie les problèmes cognitifs du vieillissement.
 
Mais l'histoire ne s'arrête pas là, heureusement, comme nous le révèlent les plus récentes découvertes de ce merveilleux champ de recherches. Dans le livre que voici, un psychiatre nous fait participer à l'investigation qu'il a menée pour savoir dans quelle mesure le cerveau humain pouvait changer — pour s'adapter à de nouvelles réalités si besoin est (la perte de neurones, par exemple), mais surtout pour guérir.
 
Guérir comme le souhaitent ses propres patients, eux qui souffrent de divers troubles déjà bien installés dans le « câblage » du cerveau (problèmes affectifs ou sexuels, obsessions, traumatismes de l'enfance, addictions, etc.). Pour ce faire, l'homme est allé rencontrer plusieurs chercheurs de pointe. Ce qu'il a trouvé est proprement renversant.
 
S'il est vrai que les différentes aires du cerveau régissent différentes fonctions – le processus du langage articulé, par exemple, se déroule dans le lobe frontal -, les neurones sont beaucoup plus polyvalents que ce que l'on croyait jusqu'à récemment. C'est ce qu'on appelle la neuroplasticité, une propriété commune à tous les tissus du cerveau, et même de tout le système nerveux central, propriété dont on commence à peine à comprendre le fonctionnement.
 
C'est elle qui fait que les neurones normalement utilisés pour la vision peuvent aussi, chez les gens devenus aveugles, accomplir d'autres tâches - entendre mieux, par exemple. En fait, dans le cerveau, une « guerre des nerfs » se déroule en permanence : plus les tissus sont sollicités, plus ils développent les connexions nécessaires à une fonction donnée. Mais dès que nous cessons de pratiquer une activité mentale, non seulement nous oublions ce que nous avions appris, mais l'espace mental est bientôt colonisé par une ou plusieurs activités de remplacement. C'est la représentation éclatante du principe du « use it or loose it » (si tu ne t'en sers pas, tu vas le perdre).
 
En apprenant comment fonctionne la neuroplasticité, on commence à pouvoir maintenant soigner toutes sortes de problèmes - dyslexie, surdité ou paralysie, mais aussi obsessions et dépendances. Les récits de l'auteur à cet effet nous décrivent de manière vive et captivante la transformation vécue par des gens qui pourraient être nos parents ou nos amis. Puis, tout au long des diverses histoires, les lecteurs découvrent une information plus théorique, mais jamais ennuyante, sur ce que l'on a longtemps appelé la « matière grise », faute d'en connaître les mystères. En cours de route, l'auteur souligne les nombreuses implications de ce nouveau corps de connaissances dans l'organisation de nos vies en général - même notre vie amoureuse peut en bénéficier - et de l'éducation en particulier.
 
Écrit avec grand talent pour un public non spécialisé, l'ouvrage substantiel du Dr Doidge ne cesse de nous surprendre. On voit comment, par exemple, on pourrait un jour commander un ordinateur par la pensée! Pour la plupart d'entre nous, toutefois, cette lecture servira surtout d'exhortation : vos neurones meurent? Occupez-vous des survivants!

Lucie Dumoulin. passeportsante.net
 


Extrait
Reconstruire le cerveau

Parmi les neuroplasticiens ayant de solides références en science expérimentale, c'est Michael Merzenich qui a soutenu les thèses les plus ambitieuses dans le domaine des applications thérapeutiques. Il affirme notamment que les exercices cérébraux peuvent être aussi utiles que les médicaments pour traiter de graves névroses comme la schizophrénie; que la plasticité existe depuis le berceau jusqu'à la tombe; et qu'une amélioration radicale des fonctions cognitives, c'est-à-dire de la perception, de l'apprentissage, de la réflexion et de la mémoire, est tout à fait possible, y compris chez les personnes âgées. [...]
 
Merzenich estime que le fait de négliger la gymnastique intellectuelle en vieillissant entraîne le dépérissement du système qui contrôle et régit la plasticité cérébrale. [...] La position de Merzenich par rapport à ce problème de la sénescence cérébrale contraste avec les tendances actuelles de la neurologie.
 
Des dizaines de milliers d'articles ont décrit en détail les divers processus qui conduisent à la mort des neurones. Il existe d'innombrables médicaments sur le marché, et bien davantage dans les cartons, conçus pour enrayer ces processus et relever le taux d'élaboration des substances chimiques dans le cerveau.
 
Cependant, Merzenich soutient que ces médicaments, dont le poids économique se chiffre en milliards de dollars, n'apportent qu'une amélioration peu durable, de l'ordre de quatre à six semaines. [...]
 
Une des raisons essentielles de la perte de mémoire consécutive au vieillissement, c'est la difficulté que nous éprouvons à enregistrer de nouveaux événements dans notre système nerveux, tout simplement parce que la vitesse de traitement des données est moindre.
 
La force, l'acuité, la définition que nous percevons, au sens où nous disons qu'une image a une bonne ou mauvaise définition, tout cela décline avec l'âge. Quand on ne perçoit pas bien un message, on ne peut le mémoriser correctement. [...]
 
Du point de vue psychologique, l'âge mûr est souvent tenu pour agréable, parce que c'est une période relativement calme par rapport à celle qui a précédé. Le corps ne change plus comme ce fut le cas à l'adolescence; nos savons en général qui nous sommes et ce que nous sommes capables de faire. Nous nous considérons toujours comme actifs et croyons, à tort, que nous continuons à apprendre comme jadis.
 
Il est rare que nous entreprenions une tâche réclamant la même attention que celle que nous fournissions quand nous étions plus jeunes, lorsque nous apprenions des mots de vocabulaires ou des déclinaisons. Des activités comme la lecture d'un journal, l'exercice d'un métier bien rodé depuis des années ou la pratique de notre langue maternelle n'ont plus rien à voir avec l'apprentissage. À 70 ans, nous pouvons très bien nous retrouver avec un cerveau appauvri, dont la plasticité est restée inexploitée pendant 50 ans.
 
C'est pourquoi l'apprentissage d'une autre langue est aussi bénéfique aux personnes du troisième âge. La concentration requise stimule le système de contrôle de la plasticité et le maintient en bonne forme pour emmagasiner des informations et développer la mémoire.[...]
 
Toute activité réclamant un fort niveau de concentration est bonne à prendre pour ce système, qu'elle soit physique ou mentale. Il ne s'agit pas par exemple de pratiquer une danse que vous avez apprise des années auparavant. Cela n'aidera pas votre cortex moteur à rester en forme. Pour revitaliser votre esprit, il faut le maintenir en état d'alerte et l'obliger à engranger des informations entièrement nouvelles qu'il devra mémoriser, tout en préservant ce qui est déjà stocké.


Ce texte est tiré de Les étonnants pouvoirs du cerveau, de Norman Doidge, Belfond, 2008, pages 72 et 111-113.

Article et commentaire Extrait du site BIPOTE.
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