4 Mars 2009
l’EMDR a été reconnue officiellement comme une méthode de traitement efficace à la fois en France par le rapport de la commission INSERM sur les psychothérapies, et, plus récemment encore aux Etats-Unis par un rapport de la très prestigieuse American Association of Psychiatry dont l’influence s’étend au monde entier.
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Quand des expériences inquiétantes se produisent, elles sont stockées dans le cerveau avec toutes les images, bruits, pensées et sentiments qui l’accompagnent au moment de l’événement.
Quand une personne a été traumatisée, le cerveau semble ne pas pouvoir traiter l’expérience comme il devrait le faire normalement. Par conséquent, les pensées et les sentiments négatifs de l’événement traumatique sont « emprisonnés » dans le système nerveux. Puisque le cerveau ne peut pas traiter ces émotions, l’expérience et/ou les sentiments qui l’accompagnent sont souvent supprimés de la conscience. Cependant, la détresse continue de se manifester dans le système nerveux où elle cause des perturbations dans le fonctionnement émotif de la personne.
La technique de thérapie EMDR fait deux choses très importantes. D’abord, elle « débloque » les mémoires et les émotions négatives stockées dans le système nerveux, puis, elle aide le cerveau à re-traiter l’expérience (au sens informatique de traitement de l’information) pour qu’elle soit « digérée ».
Le praticien travaille doucement avec le patient, le guidant progressivement pour rendre à nouveau visite à l’incident traumatique. Quand le souvenir est évoqué, les patients refont alors l’expérience des sensations et des émotions d’une nouvelle façon.
La thérapie EMDR permet d’acquérir la compréhension de soi et la perspective qui permettront au patient de choisir ses actions, plutôt que de se sentir impuissant face à leurs réactions. Ce processus peut être complexe s’il y a beaucoup d’expériences reliées aux émotions négatives.
Les séances de thérapie EMDR continuent jusqu’à ce que les souvenirs et les émotions traumatiques aient disparu.
Il y a beaucoup d’informations anecdotiques suggérant que la thérapie EMDR est efficace dans le traitement des phobies. Malheureusement, les études qui ont suivi le traitement EMDR sur les phobies, les crises de panique, et l’agoraphobie ne sont pas concluantes.
Bien que ces résultats soient dus en partie à des limitations méthodologiques dans les diverses études, il est également possible que la thérapie EMDR puisse ne pas être uniformément efficace avec ces pathologies. De Jongh, Ten Broeke, and Renssen (1999) suggèrent que la thérapie EMDR est un traitement efficace surtout pour des souvenirs traumatiques et des pathologies qui leur sont reliés.
Il se peut que la thérapie EMDR soit plus efficace dans le traitement des troubles lié au stress qui suit une expérience traumatique (par exemple, phobie des chiens après une morsure de chien), et moins efficace pour ceux dont le point de départ est inconnu (par exemple, phobie des serpents depuis la naissance).
L’utilité clinique est une considération importante dans le choix du traitement. L’utilisation de l’exposition in vivo peut être impossible pour les praticiens qui n’ont pas accès facilement aux objets craints dans leur bureau (par exemple, les araignées) ; ou dans le cas des phobies limitées à des événements spécifiques (par exemple, les orages) ou à des endroits particuliers (par exemple, les ponts).
La thérapie EMDR peut alors être un traitement plus pratique que l’exposition in vivo, et l’aspect in vivo peut souvent être ajouté comme travail complémentaire (De Jongh et al., 1999).
Trois études ont étudié le traitement de la thérapie EMDR avec et sans agoraphobie. Les deux premières études étaient préliminaires (Feske et Goldstein, 1997 ; Goldstein et Feske, 1994) et prévoyaient un traitement court (six séances) pour les crises de panique. Les résultats étaient prometteurs, mais limités par la courte durée du traitement. Feske et Goldstein écrivent : « même 10 à 16 séances des traitements les plus puissants ont rarement comme conséquence une normalisation des symptômes de panique, particulièrement quand ceux-ci sont compliqués par l’agoraphobie » (p. 1034). Les effets de la thérapie EMDR ont été généralement maintenus après plusieurs semaines de suivi sans traitement supplémentaire.
Une troisième étude (Goldstein et autres, 2000) a été entreprise pour évaluer les avantages d’un plus long traitement. Cette étude portait sur une population cible différente et traitait des patients agoraphobiques. Les participants souffrant de crises de panique et d’agoraphobie n’ont pas bien répondu à la thérapie EMDR. Goldstein (cité dans Shapiro, 2001) suggère que ces participants avaient besoin d’une phase de préparation plus importante, que celle qui a été fournie dans l’étude, pour développer une tolérance au stress. Les auteurs suggèrent que la thérapie EMDR puisse ne pas être aussi efficace que la thérapie cognitive-comportementale dans le traitement des crises de panique avec ou sans agoraphobie ; cependant aucune étude directe comparant les deux traitements n’a été entreprise pour l’instant.
Q : L’EMDR est-il compatible avec l’épilepsie ?
On ne connaît aucun cas de crise d’épilepsie induite par une séance d’EMDR. L’EMDR ne soigne pas l’épilepsie, mais ne l’aggrave certainement pas non plus.
Autrement dit, l’épilepsie n’est pas une contrindication, mais l’EMDR ne soigne pas les vraies épilepsies.
Q : L’EMDR pour les aveugles ?
Il est possible de faire de l’EMDR avec d’autres formes de stimulation que les mouvements oculaires. On utilise par exemples fréquemment des sons qui alternent d’une oreille à l’autre, ou des tapotements alternatifs sur les mains. Pour certaines personnes, ceux-ci marchent parfois mieux que les mouvements oculaires. A fortiori pour les aveugles aussi !
Q : EMDR et psychotiques ?
l’EMDR ne guérit pas les psychoses mais soigne les "à côté" (ex : hospitalisations traumatisantes).
Q : L'EMDR soigne-t-il tous les problèmes psy ? La schizophrénie ? Les démences ?
L'EMDR est indiqué principalement pour la résolution de symptômes liés à un ou plusieurs évènements traumatiques. Certaines phobies ou pertes de l'estime de soi sont liées à un ou des événements traumatiques.
Les symptômes peuvent alors très bien répondre à la thérapie EMDR. Par exemple, Brown, McGoldrick et Buchanan (1997) ont observé des rémissions réussies dans cinq de sept cas consécutifs de personnes ayant une image très anormale de leur corps (se considérant comme obèse, nez trop gros...) après une à trois séances d'EMDR traitant des souvenirs traumatiques reliés au problème.
De même il y a eu des rapports d'élimination de douleur fantôme des membres après le traitement EMDR du souvenir étiologique et des sensations de douleur (Vanderlaan, 2000; Wilensky, 2000; S. A. Wilson, Tinker, Becker, Hofmann, & Cole, 2000).
L'EMDR ne permet pas de traiter la schizophrénie, ni les démences. Par contre, chez un patient stabilisé par un traitement psychiatrique approprié, l'EMDR peut parfois aider comme traitement d'appoint, pour soulager une partie des symptômes qui seraient liés à un traumatisme émotionnel, ou pour réduire la fréquence des rechutes liées au stress.
Il existe aussi plusieurs études suggérant que l'EMDR peut être utile avec des troubles dissociatifs (e.g, Fine & Berkowitz, 2001 ; Lazrove & Fine, 1996 ; Paulsen, 1995), l'anxiété de performance (Foster & Lendl, 1996 ; Maxfield & Melnyk, 2000); la douleur physique excessive (Grant et Threlfo, 2002) ; et les troubles de la personnalité (par exemple, Korn et Leeds, 2002 ; Manfield, 1998). Ces résultats sont préliminaires et davantage de recherche est nécessaire avant que toutes les conclusions puissent être tirées.
Il existe de nombreux facteurs permettant de voir si la thérapie EMDR peut être utile dans la situation particulière et l’histoire d’un patient. Pendant votre consultation initiale avec un praticien EMDR, tous ces facteurs appropriés devraient être évoqués de manière approfondie afin que vous décidiez ensemble d’utiliser ou non l’EMDR.
En général cependant, vous êtes un excellent candidat pour la technique d’EMDR si vous avez... des angoisses, des peurs fortes et inexplicables, subi des abus sexuels, été la victime ou le témoin d’un crime ou d’un grave accident, survécu à une catastrophe naturelle, vécu un événement traumatisant, des difficultés pour faire confiance aux autres, peur de rester seul(e), fréquemment le sentiment d’être coupable, des crises de colère irrationnelles, une mauvaise image de vous-même...
Bien sûr, la thérapie EMDR peut être utilisée avec l’enfant, et ceci dés son plus jeune âge (deux ou trois ans). Elle s’adapte alors à ses besoins et son niveau de fonctionnement. La collaboration du ou des parents est essentielle. Il en est de même pour l’adolescent. Comme pour l’adulte, le nombre de séances peut varier de quelques unes à une ou plusieurs dizaines en fonction de la difficulté présentée.
De la même façon que la thérapie EMDR aide le cerveau dans son traitement naturel de l’information émotionnelle, le praticien EMDR aide le patient dans son processus de guérison en devenant son partenaire pour un voyage destiné à éliminer le traumatisme passé, bloqué dans son système nerveux.
Au début d’une séance ordinaire de thérapie EMDR, le praticien aide le patient à repérer exactement le problème ou l’événement qui sera la cible du traitement. Pendant que les pensées et les sentiments remontent à la surface, le praticien et le patient travaillent ensemble pour stimuler les mouvements des yeux qui accompagnent l’expérience brièvement rappelée. Pendant que les mouvements des yeux sont stimulés, les émotions sont libérées.
Les séries successives et assez brèves de mouvements des yeux (30 secondes à quelques minutes) continuent jusqu’à ce que les émotions soient neutralisées et que l’événement passé devienne associé par le patient à des pensées et des sentiments positifs sur lui-même, comme « Je réalise maintenant que ce n’était pas ma faute ».
Cela dépend de la complexité de l’histoire du patient, de sa capacité à « s’auto-apaiser » et à utiliser les différentes techniques de contrôle de soi pour diminuer la perturbation potentielle qui peut survenir pendant le traitement. Le praticien doit enseigner au patient ces techniques pendant la phase de préparation. La durée requise pour cette phase sera différente pour chaque client. Dans la majorité des cas, le traitement actif devrait commencer après une à trois séances.
Q : Combien de séances d'EMDR sont nécessaires ?
Le nombre de séances nécessaires dépend du problème et de l'histoire spécifique de chaque patient. Cependant, les études ont prouvé qu'un traumatisme simple peut être traité en moins de trois séances dans 80-90% des cas.
Même si chaque événement inquiétant n'a pas besoin d'être traité un à un, la durée de la thérapie dépendra de la complexité de l'histoire.
Dans une étude, 80% des victimes civiles de multiples traumatismes n'ont plus eu de PTSD après approximativement six heures de traitement (cinq à six séances d'une heure et demi). Une étude sur des anciens combattants ayant vécu des traumatismes de guerre a indiqué qu'après douze séances 77 % ne souffraient plus de leur syndrome de stress post-traumatique initial.
Normalement, une séance d'EMDR dure de 60 à 90 minutes. La longueur de la séance dépend d'un certain nombre de facteurs, tels que la nature et l'histoire du problème, le degré de traumatisme, les circonstances spécifiques du jour particulier et de la tolérance du patient pour les séances plus longues.
Q : L’EMDR est il moins efficace sous anxiolytique ?
Il n’y a pas d’étude sur ce sujet, mais l’expérience clinique de nombreux thérapeutes EMDR tend effectivement à suggérer que les patients qui prennent des anxiolytiques (surtout à doses importantes) ont plus de mal à retraiter l’information douloureuse du passé pendant les séances.
Q : Quels sont les effets négatifs ?
Comme avec toute forme de psychothérapie, il peut y avoir une augmentation provisoire de la détresse. Des souvenirs douloureux non-résolus peuvent émerger. Certains patients peuvent éprouver des réactions pendant une séance de traitement que ni eux ni le praticien n'aurait pu prévoir, comme un niveau élevé d'émotion ou de sensations physiques.
Après la fin de la séance, le re-traitement de l'information émotionnelle liée à l'incident ou au matériel qui a été évoqué peut continuer de se faire par lui-même. Des rêves, d'autres souvenirs, d'autres émotions inhabituelles peuvent se manifester. C'est généralement un signe qu'un travail en profondeur est en train de se faire.
Q : l’EMDR est-il recommandable pour aider quelqu'un qui a subi un stress post traumatique vécu de manière inconsciente. Par exemple celui d'une enfant de 2 ans qui est abandonnée par sa mère ?
L’EMDR est au meilleur de son efficacité lorsqu’on peut travailler sur un souvenir conscient qui continue d’évoquer des émotions douloureuses dans le présent. Il arrive que des souvenirs traumatiques anciens et inconscients soient ramenés à la surface au cours des séances et que leur résolution apporte un soulagement, mais ce n’est pas une bonne indication de la méthode.
Q : L’EMDR fonctionne-t-il bien avec des enfants ?
Oui. L’EMDR fonctionne très bien avec des enfants. Leurs réactions sont différentes (moins de manifestations émotionnelles) mais le travail est plus rapide. (...)
Q : Peut-on appliquer sans risques l'EMDR sur des enfants ? Y a-t-il un âge limite pour appliquer cette technique ?
La thérapie EMDR est une des rares thérapies qui ont été étudiées et validées par une étude contrôlée dans le traitement des stress post-traumatiques de l’enfant (1). Comme dans toute thérapie, il existe toujours un risque associé au fait de remémorer des souvenirs traumatiques, surtout si ce n’est pas fait par un thérapeute expérimenté et formé de façon rigoureuse à l’utilisation de l’EMDR.
Q : L’EMDR peut-il traiter des micro-traumatismes répétitifs (enfants : négligences, carences, maltraitances) ?
Oui, mais c’est plus long et plus difficile (bien que les enfants réagissent généralement plus vite à l’EMDR).
Q : Votre méthode peut-elle résoudre ou aider à résoudre une dépression liée, non à un évènement traumatisant particulier, mais à la double influence d'une hypersensibilité aux évènements et d'une enfance difficile ?
Dans le cas d’une enfance difficile et de traumatismes émotionnels répétés, l’EMDR est souvent efficace, mais il s’agit d’un traitement nécessairement plus long (souvent six mois ou plus).
Q : Peut on utiliser l’EMDR sur les enfants, les femmes enceintes ?
L’EMDR est utilisé couramment avec les enfants, dès l’age de deux ans. C’est une des très rares méthodes de traitement pour les symptômes post-traumatiques qui aient été validée chez des enfants (étude de Chemtob, publiée en 2002, chez des enfants de 5 à 8 ans victimes d’un ouragan à Hawaï).
Dans les six derniers mois de la grossesse, il est recommandé de vérifier avec son obstétricien qu’il n’y ait aucune contre-indication au fait de revivre des émotions douloureuses et parfois intenses. Dans la plupart des cas, ce n’est pas un problème et il vaut souvent mieux s’être libérée de la douleur psychique – si c’est possible – avant l’arrivée de l’enfant pour être complètement disponible pour cette nouvelle relation.
Q : Est-ce que je vais revivre le traumatisme aussi intensément que la première fois ?
La plupart des patients ne sont conscients que d'une ombre de l'expérience traumatique initiale, alors que d'autres la sentent à un degré plus fort.
A la différence de nombreuses autres thérapies, les patients traités avec l'EMDR ne sont pas invités à revivre le trauma intensément ni pendant des périodes prolongées.
Avec l'EMDR, quand il y a un niveau élevé d'intensité, il dure seulement pendant quelques instants et diminue ensuite rapidement. S'il ne diminue pas rapidement de lui-même, le praticien a été formé pour aider à le faire descendre.
Le patient a aussi été formé, avant de commencer l'EMDR, à des techniques permettant de soulager immédiatement une détresse qui s'avèrerait trop intense.
Q : L'identification puis la mise en mots du trauma par le patient constituent-elles un préalable et/ou un corollaire nécessaire à l'efficacité de l'EMDR ?
En EMDR, le plus important est de pouvoir accéder aux sensations physiques qui accompagnent le trouble émotionnel, que ce soit l'anxiété ou la dépression. Il est préférable, mais pas indispensable, de partir d'un souvenir parfaitement identifié. Il est possible de commencer le traitement à partir d'une situation difficile dans le présent, et de procéder au retraitement de cette information sans jamais avoir accès à un souvenir "originel".
Q : EMDR et souvenirs douloureux oubliés ?
Un trauma peut avoir été subi dans la prime enfance (non accès au langage) mais l’empreinte a pu rester toute la vie. Au cours de séances EMDR, le souvenir traumatique revient, encore plus vivace (?).
Q : EMDR et cas d’amnésies ?
Les souvenirs traumatiques sont parfois inconscients. Dans ce cas, on part de ce que le patient trouve de plus douloureux au moment présent => des souvenirs traumatiques --parfois très anciens-- peuvent émerger.
Q : En l'absence de toute prise de conscience par le patient de son " traumatisme originel ", comment cette technique opère-t-elle et trouve-t-elle son efficacité ?
L'EMDR part du principe que tous les souvenirs dans le cerveau sont connectés les uns aux autres. Un souvenir traumatique qui se manifeste dans le présent (par des pensées négatives sur soi, des émotions inappropriées, des sensations physiques désagréables) est connecté aux souvenirs et aux expériences du passé.
Par contre, ces connexions ne sont pas nécessairement ni conscientes, ni verbales. Il est donc possible d'accéder, au cours du traitement, à des souvenirs du passé qui sont principalement représentés par des sensations physiques du corps, et non par une " histoire " qui pourrait être racontée avec des mots.
Q : L'EMDR permet-il au patient de prendre un " raccourci " et de se dispenser d'un long travail d'introspection (psychothérapie analytique) pour se défaire de sa pathologie ?
C'est exactement le cas. L'EMDR semble effectivement offrir un " raccourci " pour éliminer les symptômes qui viennent d'événements du passé qui n'ont pas été " digérés " par le système nerveux. Par contre, l'EMDR ne remplace pas le travail psychanalytique pour ce qui a trait à une plus grande connaissance de soi sur le long terme. Les deux formes de thérapies sont d'ailleurs souvent utilisées conjointement avec profit.
Thérapeutes EMDR
Q : Risque de mal faire l’EMDR ?
Oui ! le risque d’ouvrir des abcès qu'on ne sait ni juguler ni guérir.
La procédure EMDR est un outil complexe qui demande beaucoup de connaissances professionnelles pour être utilisé. il faut des cliniciens rôdés pour savoir gérer les cas difficiles.
C’est pourquoi " l'Association Européenne d'EMDR " a établi des critères très stricts qui régissent le titre de " Praticien EMDR Certifié ".
Q : Pouvez vous me recommander un thérapeute EMDR ?
Les associations EMDR-France et EMDR-Belgique publient un annuaire des praticiens EMDR qui remplissent tous les critères de formation établis par l'association EMDR-Europe.
Q : Peut-il se produire une forte résistance à l’EMDR ?
Oui. Car l’EMDR ne se réduit pas aux seuls aspects mécaniques. Le patient a besoin d’une l'atmosphère de confiance, d’un lien sécurisant avec le thérapeute.
Avec un "thérapeute-robot", il faut s’attendre à des résistances de la part du patient.
Q : Quel rythme pour les mouvements oculaires ?
Importance du rythme des mouvements (rapidité), mais aussi dans la longueur des séquences (?) ...
Formations
Q : Ne pensez-vous pas que les professeurs de yoga, qui font pratiquer des exercices de "yoga des yeux" très proches des "mouvements oculaires" de l'EMDR, sans toujours bien en connaître leurs effets, pourraient accéder, eux aussi à des enseignements de ce type ?
L'EMDR est une méthode de psychothérapie, pas simplement un exercice physique, ni une méthode s'apparentant au yoga. Les professeurs de yoga ne sont pas formés à la prise en charge de patients qui peuvent souffrir de pathologies psychiatriques ou de troubles psychologiques graves et pourraient faire de sérieuses erreurs en utilisant l'EMDR avec de tels patients.
Les seuls cas de détérioration de patients au cours de séances d'EMDR publiés dans la littérature scientifique ont justement eu lieu lorsque les thérapeutes n'ont pas été suffisamment attentifs à la sévérité des troubles psychologiques que leurs patients présentaient avant de commencer le traitement.
Q : Peut-on pratiquer l'EMDR soi-même?
Non, on ne peut pas pratiquer l’EMDR soi-même. Désolé ! La stimulation oculaire à tendance à induire rapidement des associations d’idées qui touchent à des thèmes parfois plus douloureux encore que ceux qu’on a à l’esprit lorsqu’on commence. Cela nécessite le plus souvent la présence d’un thérapeute compétent et bien formé à la méthode.
Q : Que penser de l’auto-EMDR ?
1) le patient n’étant pas accompagné, il n’ira jamais aussi loin qu’avec un thérapeute qualifié.
2) danger des souvenirs inconscients : risque de l’émergence d’émotions difficiles à contrôler.
Donc ce qui fait qu’on peut avancer si profondément (et sans risque) avec l’EMDR, c’est la présence d’un thérapeute compétent dans un cadre rassurant (protocole).
l'AUTO-EMDR pourrait marcher, mais il faut :
- en savoir beaucoup sur soi ;
- bien connaître la méthode ;
- et surtout, il y a le risque d'être débordé par ses émotions (être secoué par de très fortes émotions, crises de larmes, etc) avec donc la nécessité d'être accompagné par un spécialiste suffisamment solide et averti pour gérer une relation de crise, qui doit au préalable s'assurer que vous disposez des ressources nécessaires pour faire face aux émotions que vous allez rencontrer, etc.
Q : EMDR et hypnose, la différence ?
Il y a certaines similarités d’apparence entre EMDR et hypnose comme le fait de faire un retour sur le passé et le fait de demander au patient de concentrer son attention. Mais il y a aussi de nombreuses différences. Les principales sont que pendant une séance d’EMDR le patient n’est pas dans un état de transe hypnotique, qu’il est en contrôle de toutes ses pensées et réactions, et qu’il se souviendra de tout ce qui s’est passé pendant la séance.
Q : Liens entre EMDR et sophrologie et hypnose ?
Dans tous les cas, il y a focalisation de l’attention et état modifié de la conscience. Mais l’état induit par l’EMDR n’est pas hypnotique. Car " des études par électroencéphalographie ont montré que l’EMDR et l’hypnose induisent des états de conscience très différents ".
Q : Liens entre EMDR et méditation "de pleine conscience" (mindfulness) ?
Il semble y avoir un lien profond entre EMDR et la méditation "de pleine conscience" (mindfulness de type bouddhiste zen ) : Entraîner l’esprit à "laisser passer" nos multiples préoccupations ou pensées parasites, à se libérer des pensées stressantes ou nuisibles, les mettre à distance. Pour cela, être attentif et présent à soi-même, à ses sensations.
L’EMDR est une forme guidée et accélérée de la méditation "de pleine conscience"... à laquelle il manque la stimulation bilatérale.
Par conséquent la méditation mindfulness est une discipline assez difficile, et les résultats sont plus longs à venir.
Autrement dit : les effets pourraient être les mêmes, mais l’EMDR facilite et accélère les mécanismes (avec en plus l’accompagnement du thérapeute).
Q : En sait-on plus maintenant sur la manière dont la thérapie EMDR agit au niveau du cerveau pour guérir les traumatismes ?
Dans une étude récente, des chercheurs, en Californie, ont mesuré les changements dans le cerveau, induits par huit séances de traitement avec la thérapie EMDR. Ils ont étudié six officiers de police qui souffraient d’un syndrome de stress posttraumatique à la suite de blessures par balle.
Ils ont pu montrer non seulement que le traitement par la thérapie EMDR permettait de rendre ces policiers asymptomatiques (c’est-à-dire guéris), mais qu’en plus l’équilibre entre leur lobe frontal droit et leur lobe frontal gauche avait été profondément modifié par le traitement.
Avant l’intervention, ils manifestaient une suractivité du cerveau droit (associé à l’inhibition et à l’humeur dépressive) et une hypoactivité du cerveau gauche (associé à l’énergie de l’action et à l’humeur positive). Un nouveau scanner de leur cerveau après les huit séances montrait un rééquilibrage avec une dominance d’activité du cerveau gauche, particulièrement au niveau des lobes frontaux.
(Lansing et al., Journal of Clinical Neuropsychiatry, in press)
Q : La thérapie EMDR peut-elle être utilisée dans le cas des malades bipolaires ?
Dans les troubles bipolaires, les patients souffrent de périodes de dépression récurrentes, mais aussi de phases dites " maniaques " pendant lesquelles ils ont trop d’énergie, ont du mal à dormir, parlent beaucoup, se lancent dans de nombreux projets qu’ils ne terminent le plus souvent pas, et peuvent être agressifs et très irritables.
Ces phases de " manie " sont souvent plus pénibles pour l’entourage que pour la personne qui les vit. La plupart des études montrent que les patients qui souffrent d’un trouble bipolaire vont beaucoup mieux s’ils s’astreignent à prendre un stabilisateur de l’humeur comme le lithium ou le Dépakène. Ces médicaments permettent de réduire la fréquence et la durée des épisodes de dépression et de manie.
Toutefois, j’ai connu plusieurs patients pour lesquels la fréquence des dépressions et de la manie a été considérablement réduite lorsqu’ils ont traité les événements douloureux de leur passé par la méthode EMDR. Après un traitement en profondeur (plusieurs mois pour les cas que j’ai suivis), cela a permis à certains de diminuer la dose de médicaments qu’ils prenaient et de réduire les effets secondaires de manière importante.
Toutefois, ils n’ont pas arrêté complètement la prise d’un stabilisateur de l’humeur, et je ne recommande pas d’arrêter si les patients ont eu un épisode de manie qui a duré plusieurs jours.
Q : Peut-on utiliser la thérapie EMDR chez une personne qui a un syndrome d’Asperger ou trouble des interactions sociales ?
Les personnes qui souffrent d’un syndrome d’Asperger manquent d’aisance dans les relations aux autres. Les enfants qui en souffrent ont du mal à comprendre les subtilités du langage non verbal (les haussement de sourcils, les signes d’impatience, les moues de dépit, etc.).
Leur propre expression manque elle aussi de souplesse et de flexibilité dans les gestes ou sur leur visage, ce qui les fait apparaître un peu comme des robots. Du coup, ils sont souvent en décalage par rapport à leurs interlocuteurs et peuvent souffrir beaucoup de ne pas être acceptés par les autres.
Le syndrome d’Asperger est probablement en grande partie génétique et, à ce jour, on ne connaît pas de manière de le guérir ; on sait seulement aider les personnes qui en sont atteintes.
La thérapie EMDR ne permet pas de corriger les déficits principaux de la maladie, mais elle peut aider à soulager la souffrance liée à des expériences passées de rejet ou d’humiliation et faciliter ainsi une adaptation de la personne à ses difficultés.
Q : Peut-on utiliser la méthode EMDR pour soulager la fibromyalgie ?
Dans la fibromyalgie, les patients se plaignent généralement de fatigue chronique, du sentiment que leur esprit est constamment " brumeux ", et de douleurs musculaires à des points précis qui empirent avec l’exercice. On ne comprend pas bien cette maladie pour laquelle il n’existe pas encore d’explication physiologique.
Du coup, les symptômes sont souvent attribués à " un problème psychologique ", et les patients, renvoyés à des psychiatres qui n’ont pas grand-chose à suggérer en dehors de la prise d’un antidépresseur. De fait, les antidépresseurs à faible dose sont souvent utiles pour diminuer la douleur, mais ils ne soulagent pas tous les symptômes.
D’après mon expérience, la thérapie EMDR peut être utile si la fibromyalgie s’est déclenchée à la suite d’un accident ou d’un traumatisme psychologique, comme un accident de voiture ou la perte d’un proche, parfois même à la suite d’un licenciement abusif.
Q : Peut-on appliquer sans risques l'EMDR sur des enfants ? Y a-t-il un âge limite pour appliquer cette technique ?
La thérapie EMDR est une des rares thérapies qui ont été étudiées et validées par une étude contrôlée dans le traitement des stress posttraumatiques de l’enfant (1). Comme dans toute thérapie, il existe toujours un risque associé au fait de remémorer des souvenirs traumatiques, surtout si ce n’est pas fait par un thérapeute expérimenté et formé de façon rigoureuse à l’utilisation de l’EMDR.
Q : Mis à part les traumatismes tels que viols, agressions, etc., l'EMDR peut-elle être utilisée pour traiter des douleurs ? Pouvez-vous m'en dire plus sur l'efficacité de la technique dans ce cas-là ?
La thérapie EMDR n’a pas encore été validée par des études contrôlées dans son application aux problèmes de douleurs. En revanche, une large expérience clinique suggère qu’elle est efficace lorsque la douleur est associée à un événement traumatique (accident, agression, situation de guerre, etc.) et dans la douleur des membres fantômes (à la suite d’une amputation).
Q : Y a-t-il un délai à respecter entre le moment où le traumatisme a eu lieu et le début de la thérapie EMDR ? Par exemple : après un viol, peut-on commencer la stimulation dans la semaine qui suit ?
On peut effectivement commencer la thérapie EMDR très tôt après un incident traumatique, mais il est important de vérifier que les bénéfices immédiats persistent quelques semaines plus tard (le temps généralement nécessaire à un souvenir pour se consolider de façon permanente).
Q : En quoi l'état dans lequel se trouve le patient lors de la stimulation bilatérale est-il différent d'un état hypnotique ? L'EMDR serait-elle un genre d'hypnose ?
La stimulation bilatérale a pour effet de mobiliser l’attention du patient pendant qu’il s’expose aux différents aspects du souvenir traumatique en mémoire. Des études par électroencéphalographie ont montré que l’EMDR et l’hypnose induisent des états de conscience très différents. La thérapie EMDR se distingue aussi de l’hypnose par le fait que le patient ne reçoit pas d’instructions particulières pour guider son attention vers un aspect ou un autre des souvenirs mais est seulement encouragé à suivre les associations qui ont lieu spontanément dans son réseau de mémoire.
Q : Quelles sont les contre-indications majeures et les risques courus dans de telles situations ?
Le fait de remémorer des souvenirs traumatiques du passé en appliquant une stimulation bilatérale risque d’évoquer des émotions vécues comme submergeantes par le patient. Il peut arriver que cela induise une " retraumatisation ".
C’est la complication la plus grave de l’EMDR. C’est pour cette raison que l’association EMDR-Europe (dont fait partie l’association EMDR-France) impose des standards très stricts sur les praticiens qui peuvent être formés à cette méthode ainsi qu’un cursus de formation très complet qui enseigne les méthodes appropriées pour guider les patients à travers ces réactions émotionnelles.
1. Chemtob CM, Nakashima J, Carlson JG. Brief treatment for elementary school children with disaster-related Posttraumatic Stress Disorder: A field study. Journal of Clinical Psychology 2002;58:99-112
Boulimie et Anorexie
Q : Laquelle des méthodes décrites dans votre livre serait la plus adaptée pour soigner la boulimie ?
La boulimie a de nombreuses causes. Mais elle est généralement une manière d’essayer de contrôler des émotions négatives. On mange beaucoup et vite comme on boirait de l’alcool ou fumerait à la chaîne : pour se calmer, pour arrêter d’avoir mal.
On retrouve souvent ces comportements chez des gens qui ont vécu des expériences douloureuses dans le passé qui ne sont pas encore digérées. Celles-ci peuvent être des expériences d’humiliation, des abandons affectifs, des rejets, qui n’ont jamais été acceptés ou dépassés psychologiquement. Dans ce cas, il peut être remarquablement utile de faire des séances de thérapie EMDR pour éliminer ce poids du passé et reprendre le contrôle des ses émotions.
Dans tous les cas, l’exercice physique permet de réduire l’anxiété et les phases de dépression qui accompagnent la boulimie. On sait maintenant que l’exercice physique, même à faible dose, est aussi efficace qu’un antidépresseur. La dose moyenne nécessaire a été calculée dans une étude récente et elle est de 17,5 cal/kg/semaine. Pour moi, ça correspond à trois fois 30 min de jogging léger. A chacun de vous de faire son calcul !
Enfin, chacun de nous doit apprendre à mieux contrôler ses émotions négatives grâce à des méthodes qui augmentent la cohérence cardiaque. Il y a, bien sûr, la technique de concentration et de respiration que je décris dans GUERIR, mais presque tous les cours de Yoga enseignent des techniques de respiration dont les études prouvent qu’elles augmentent la cohérence cardiaque. Je ne peux pas vous promettre que de faire du yoga vous guérira de la boulimie, mais il est presque certain que cela pourra vous aider à réduire la fréquence ou la sévérité des " crises ".
Q : Quand les facteurs qui déclenchent l’anorexie ne sont pas connus, cette maladie peut-elle être guérie par la thérapie EMDR ?
Je n’ai pas d’expérience personnelle avec des patients qui n’avaient pas d’événement traumatique identifié et il est toujours plus difficile de travailler avec la thérapie EMDR dans ces cas là.
Toutefois, la thérapie EMDR a été utilisée avec succès avec des patients dont l’image du corps était complètement anormale (" dysmorphophobie " : peur d’avoir un nez énorme, des fesses difformes, des seins anormaux, etc.) sans qu’il n’y ait eu d’épisode traumatique initial identifié. Il est possible que cela s’applique aussi au trouble de la perception du corps que l’on observe dans l’anorexie.
J’ai demandé à mon ami et collègue Jacques Roques, psychanalyste, vice-président de l’association EMDR-France et auteur du livre " EMDR : un révolution thérapeutique La méridienne - Desclée De Brouwer - 2004 "(1) son commentaire sur cette question. Voici ce qu’il m’a envoyé :
" Le problème de l’anorexie ne se réduit pas à la dysmorphophobie. Dans mon esprit, c’est une addiction qu’il faut traiter comme telle. D'abord il faut établir une solide alliance thérapeutique, ensuite il faut énormément renforcer les ressources psychologiques de la personne. Ensuite, à chaque occasion, il faut résoudre les problématiques anciennes et nouvelles qui apparaissent au fur et à mesure que la situation de la personne évolue. Et là la thérapie EMDR est
incomparable. "
Dans une histoire de cas qu’il va publier, Jacques Roques raconte aussi comment il identifie systématiquement les traumatismes – petits et grands – qui ont pu contribuer au développement de l’anorexie avant de commencer à les traiter avec la thérapie EMDR. Je vous cite cet extrait ici :
Du temps a passé. A force de gavages, l’hôpital a réussi à lui faire prendre quelques kg. Maguy est assise là devant moi : " Je me dégoûte. Je suis obèse ". Sa mère soupire : " 34 kg monsieur ".
" L’anorexie n’est pas le problème. C’est la solution, la très mauvaise solution à de vieux problèmes, aux traumatismes de la vie. Parlez-moi de ça " dis-je.
Ils s’énoncent sans peine : " Violences des parents entre eux qui se battent et se déchirent. Les attouchements d’un cousin vicieux. Les avortements de la mère. Des moqueries de gamins à l’école : " Oh la grosse ! Ça va le boudin ? ".
Plusieurs rackets, couteau sur la gorge. Humiliations. Rejets …. Puis enfin la solution miracle, la lecture, à 11 ans, au moment de l’apparition terrifiante des premières menstrues, d’un article d’un magazine féminin consacré au surpoids aux régimes. Ça a fait tilt. Elle est devenue quelqu'un d’important, d’intéressant ".
Sur le plan psychopathologique, la dissociation peut être définie comme une rupture de l’unité psychique. Elle a été décrite la première fois par Pierre Janet en 1889. Le DSM4 en propose une définition clinique précise.
La dissociation est un trouble qui touche toutes les fonctions normalement intégrées comme la conscience, la mémoire, l’identité, les facultés perceptuelles et motrices. Les perturbations dissociatives peuvent être secondaires ou progressives, transitoires ou chroniques. On distingue des dissociations :
• Primaires, comme celles qui séparent en cas d’un traumatisme simple, disons unique, l’investissement d’un état émotionnel, d’un état de personnalité apparemment normal ;
• Secondaires, quand nous avons affaire à une personnalité polytraumatisée et ayant développé de nombreux systèmes de défense ;
• Tertiaires quand, généralement sous l’effet de nombreux et violents traumatismes de longue durée, la personnalité s’est fragmentée en plusieurs états du moi distincts et ne se reconnaissant pas les uns les autres.
A la lumière des récents progrès en neurosciences, les processus dissociatifs semblent être un phénomène clef dans la compréhension des pathologies et ouvrent des pistes thérapeutiques concernant notamment le vaste domaine de la psychotraumatologie.
Intérêt de la thérapie EMDR dans le processus dissociatif.
L’EMDR fait l’hypothèse que les états de stress post-traumatique et les troubles psychotraumatiques complexes sont sous-tendus probablement par des réseaux de mémoire dysfonctionnels stockant, à « l’état gelé », dissocié, les éléments sensori-moteurs, émotionnels et cognitifs des expériences traumatiques.
En tant qu’approche neurosensorielle et cognitive, l’EMDR permet de rétablir un lien durable et sain entre les cerveaux émotionnels et cognitifs en cas de traumatisme simple et en cas de traumatismes complexes générant une dissociation secondaire ou tertiaire, à la personnalité globale de la personne de retrouver son unité.
Quant aux recommandations internationales : Seul l’EMDR est reconnu (avec les TCC) dans le traitement des traumatismes psychiques par de nombreuses institutions dans plusieurs pays et notamment par l’INSERM en France (2004), l’American Psychiatric Association (2004), le National Institute for Clinical Excellence du Royaume Uni (2005).
C’est exactement le cas. La thérapie EMDR semble effectivement offrir un « raccourci » pour éliminer les symptômes qui viennent d’événements du passé qui n’ont pas été « digérés » par le système nerveux. Par contre, la thérapie EMDR ne remplace pas le travail psychanalytique pour ce qui a trait à une plus grande connaissance de soi sur le long terme. Les deux formes de thérapies sont d’ailleurs souvent utilisées conjointement avec profit.
Il existe trois méta-analyses concluant à une efficacité remarquable de la thérapie EMDR (Van Etten et Taylor, 1998 ; Sack et al., 2001 ; Maxfield et al., 2002), et une concluant l’inverse (celle que vous citez de Davidson et al.).
Comme toujours lorsqu’un nouveau traitement naturel dont on ne comprend pas les mécanismes d’action est introduit en médecine, il doit faire face à une suspicion légitime et surmonter un scepticisme considérable.
De par mon expérience de la thérapie EMDR et de celle de mes nombreux confrères qui l’ont utilisé, je suis absolument convaincu de son efficacité et de son importance pour la psychiatrie du futur. Toutefois, il faut bien sûr continuer le processus scientifique qui examine ces convictions personnelles avec une plus grande objectivité.
Il est normal, dans ce débat scientifique, que des positions inverses soient défendues par des chercheurs de part et d’autre du débat. (Pour la petite histoire, dans les années 1920, alors que le débat sur la physique quantique faisait rage en Europe, un journaliste a un jour demandé au professeur Heisenberg, un des fondateurs de cette nouvelle science, combien de temps il faudrait attendre pour que les grands départements de physique du monde entier acceptent enfin cette révolution dans leur manière de penser le monde. Heisenberg aurait répondu « il faudra attendre que les tenants des grandes chaires de physique d’aujourd’hui soient tous à la retraite... »).
Article du Dr David Servan Schreiber pour EMDR France.
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